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Le Myanmar, c'est Dengue!

Mingalaba ! 

On nous avait dit beaucoup de choses sur le Myanmar (ou Birmanie, c'est pareil), et c'est un pays que l'on pensait vraiment moins développé que les autres, on pensait donc galérer un peu. Une fois encore, on s'est bien plantés ;-)

Après 2 journées au bord du gouffre dans le nord de la Thaïlande sans dormir ni manger, avec 47 de fièvre et des hallucinations nocturnes, on prend un ptit coucou pour Yangon via Bangkok. 

La petite madame du comptoir nous fait une petite frayeur en nous disant que nos visas ne sont pas valides car on devait passer la frontière terrestre...mais tout s'arrange. Elle a quand même ajouté des sueurs froides à notre trajet déja bien chargé en transpi, ambiance midgnight express à l'aéroport.

On est exténués et fiévreux, on a des tronches de zombies sous crack, mais coup de bol, c'est un aéroport où ils ne scannent pas la température corporelle (on l'a vu dans d'autres aéroports). 

On peut enfin se poser car Papie et Mamie sont à Yangon pour encore 3 jours. 

On leur laisse les gars pour pouvoir aller faire des analyses médicales dans une belle clinique privée (le Lonely Planet précise bien d'éviter autant que possible tous les hopitaux du Myanmar (ou birmanie, c'est pareil)...on va suivre ce conseil).

Diagnostic rapide confirmé par prise de sang : on a tous les deux la DENGUE, on aurait du lire les affiches merde!

Cours de pathologie : Dengue : maladie transmise par un putain de moustique tigre, pour laquelle il n'existe ni prévention ni traitement, qui se traduit par de la fièvre et une fatigue intense, mais qui passe au bout de quelques semaines généralement. Prescription : repos, doliprane et boire énormément (d'eau :-( ) Heureusement qu'on peut laisser les gars pour 3 jours aux grands-parents (un gros merci pour tout! ) et qu'ils ont un bel hôtel, ça change de la prison qu'on avait à Sukhothai. Au menu de la semaine à Yangon : prises de sangs quotidiennes pour surveiller notre niveau de plaquettes qui, s'il descend trop, nous vaudra un rapatriment sanitaire à Bangkok. On n'en arrivera pas la, et on s'en plaint pas! On est soulagés au bout d'une semaine, fatigués, mais tirés d'affaire.

On a un peu exploré la ville qui semble immense et où les gens nous arrêtent pour prendre les gars en photo, même les moines.

Merci aussi à nos amis Belges qui nous ont bien aidés avec les gars alors qu'on était patraques du tout (Brigitte, Alex et les gars, la porte est ouverte à Montréal quand vous voulez). On aime encore plus la Belgique tiens !

Notre planning et itinéraire ayant été quelque peu bouleversés, on saute dans un bus pour Nyaung Shwe, direction le Lac Inle (ou Inlay, c'est pareil)

Parenthèse topographique : ici, toutes les villes ont au moins 2 orthographes, plus ou moins proches : si on devine que Bagan et Pagan sont le même patelin, c'est pas toujours aussi évident, et ca complexifie un peu les recherches google map pour localiser un hôtel par exemple. On a 12h de bus de nuit pour traverser une bonne partie du pays. Étonnament, c'est très confortable, on a de la place et on dort pas mal, surtout les boys (y a même un écran individuel avec quelques films, mieux que les avions qu'on prend). Les Birmans sont adorables, mais sur la route, ils conduisent comme de vrai maboules. En fait, on dirait qu'ils ne savent tout simplement pas conduire. Peut-être est-ce lié au fait que leur volant est à droite et qu'ils roulent aussi à droite (pour faire chier l'ancien colonisateur anglais), ou peut-être qu'ils n'apprennent juste pas à conduire, ou les deux, en tout cas, c'est pas brillant, ça nous surprend même après 5 mois d'Asie. On débarque donc à Nyaung Shwe à 6h du mat. Il fait froid, ça nous change de la chaleur des mois passés.

La ville est encaissée entre des montagnes derrière lesquelles le soleil se lève (et se couche). Après avoir changé de chambre car le plafond était peuplé de pigeons(ou de gremlins... bruit difficile à identifier), on découvre une petite bourgade paisible constituée de quelques rues perpendiculaires.

À chaque coin de rue (et entre chacun de ceux-ci), on se fait aborder par un local qui nous propose un tour en bateau sur le lac. On prend rendez-vous pour le lendemain matin. Départ pour l'embarcadère, peut-être le contrecoup de la dengue, ou convaincus par la gentillesse des birmans, on laisse les gars y aller en scooter avec un parfait inconnu, sans casque...tout va bien. 

C'est à 5 minutes. Ils nous attendent à l'embarcadère mais pour eux, la journée pourrait s'arrêter là : "c'est trop cool le scooter". Le raffiot est un long bateau d'un mètre de large avec 4 sièges de bois les uns derrières les autres et un ptit coussin ambiance terrasse de balcon.

Comme d'hab, c'est pas le guide prévu...c'est son frère (ouiii ouii), mais la journée est top : on traverse le lac immense dans la lumière du matin. Joli mélange entre ty colo et titicaca (pour les connoisseurs). On voit donc les fameux pêcheurs debout qui rament avec une jambe et leur nasse immense...certains pêchent...d'autres attendent les touristes. On a les clichés qu'on mérite.

On longe des villages flottants et maisons sur pilotis, bordés de jardins et potagers, flottants : totalement incroyable. Les maisons sont colorées et le calme n'est troublé que par le bruit de notre moteur : encore une fois, il y a peu de touristes (ou alors ils se planquent bien et visitent en sous marin). 

On visite un fabricant de bijoux en argent, un fabricant de bateau, un tisserand de lotus (impressionnant), une manufacture de cigares locaux...qu'on goûte : plutôt bon. Y a de l'anis, du riz, de la banane du tabac, un vrai pot pourri. Les gars nous supplient de les faire gouter

On visite aussi un monastère sur pilotis bordé de champs de tomates flottants : les tomates poussent donc à moitié dans l'eau, intriguant. Il devait aussi y avoir des "chats sauteurs" mais y en avait pas plus que de beurre en broche. Une autre légende pour touristes crédules que nous sommes.

La pause lunch se fait chez "la maman" du guide : On arrive dans la petite maison sur piloti constituée d'une grande pièce et la table est mise...et bien mise. Elle est couverte de bouffe: poisson du lac frit, salade de thé à la cacahuète, soupe de légumes, choux fleurs braisés, frites maison, riz, etc. On se régale. On fait gaffe de pas tout finir car à peine le bol de soupe vidé, la daronne s'empresse de nous en rapporter un. 

On va se calmer pour pas lui faire le coup d'Obélix dans les 12 travaux. Pour digérer (y a pas de Calva), la patronne nous emmène faire le tour du village, en barque à rame (ben oui, y a pas de rues) 

Sans le bruit du moteur, le calme est impressionnant. Le village ressemble a daisy town dans Lucky Luke avec les poteaux électriques d'un autre âge, le saloon, le silversmith, blanchisserie...le tout les pieds dans l'eau. Bref, une belle journée sur le lac. 

On profite d'être posés quelques jours pour louer des vélos aux gars, coup de bol, y a des vélos d'enfants. Léon commence a se debrouiller comme un chef avec les roulettes sur la place du night market, il arrive presque à rattraper les enfants moines du village. 

On nous avait aussi recommandé d'aller voir un spectacle de marionnettes traditionnelles. Super artisanal, le mec fait les shows dans son salon aménagé en "salle de spectacle" : 8 chaises de jardin en plastoc, un rideau rouge, une musique sur cassette audio à la bande usée et des marionnettes en bois hyper flippantes, genre guignol croisé avec chucky (la poupée tueuse!).  C'est pas le cirque du soleil mais c'est amusant (ça dure 12 minutes par contre).

Les environs du lac s'explorent aussi en vélo, parait-il. D'expérience, les sièges enfants sont rares en Asie, mais y a toujours une solution ici (c'est un des grands apprentissages du voyage d'ailleurs). Encore une fois, ça se vérifie. Traduction libre de notre échange :  - "Mingalaba, vous avez des sièges enfants pour les vélos? - des sièges enfants...ah non, on n'a pas ça, y a bien le porte bagage, ça ferait l'affaire nan? - Euh pas trop, on va faire 20 bornes...ils vont avoir le popotin en compote. - ok, pas de souci les mecs, revenez demain et on aura une solution! - ... - ok, à demain alors? - ok, merci" On sait pas trop ce qu'il va nous bricoler...mais à notre arrivée, on a bien 2 vélos avec 2 "sièges enfants" sauce birmane : des ptits fauteuils d'enfants solidement attachés aux portes bagages, on est prêts pour 30km de pédalage. 

On traverse des villages où les gens font sŕcher des graines de tournesol, se baignent dans le sources chaudes, prient aux temples, on emprunte de belles routes de campagne bordées de Monastères de bois, de stupas dorés, le tout, en sifflotant.

On se perd dans un village en tentant de trouver 1 moyen de traverser le lac (le seul moyen étant de trouver un mec qui accepte de nous balader en bateau de l'autre côté) À force d'explorer toutes les rues du village, quelqu'un finit par nous arranger un transport et fout les biclous dans son bateau. Belle traversée, puis arrivée dans un autre village sur pilotis, c'est toujours canon. 

Comme c'est dimanche, il y a beaucoup de locaux (on est encore les seuls européens au resto), tous endimanchés, bien sapés, les hommes en longy et les femmes en tenues claires.

Notre "tour du lac" se termine par la visite du vignoble du coin...ça tombe bien, on crève de soèffffff ! L'endroit est superbe : les coteaux dominent toute la région et on voit le lac entouré de montagnes. Les vignes émeraudes sont parsemées de bougainvilés en fleurs. 

Par contre, faut juste venir pour la vue car le " V-ignoble"  porte bien son nom, le vin pourrait être utilisé pour laver les carreaux ou déboucher les chiottes. Pas de bol, rouge et blanc sont à peu près du même acabit (on s'attendait pas à du chateau Margaux mais bon) A Nyaung Shwe, la vie du village se déroule autour du marché, on y trouve de tout, mais on connait pas la moitié des produits (fruits inconnus, légumes mystérieux et autre nourriture chelou). 

D'habitude, on est plutôt bon niveau picnic, mais là, on trouve que c'est pas bouffable. On teste une "petite" galette qu'on présume de riz, au goût qui oscile entre le plâtre et le papier.

Ça arrive. Mais après nous avoir vu galérer et presque dégueuler, la cuisinière de notre hôtel nous expliquera que c'est des galettes de riz à cuire dans l'eau pour entourer de la viande ou des légumes...on se couchera moins cons (mais pas affamés, on trouve toujours des bons samosas et des fruits).

En se baladant, on croise souvent des ptites cahuttes avec écrit "massage traditionnel birman". Élo décide d'essayer ce petit "plaisir" : témoignage: "Le masso est un birman taille standard, c'est-à-dire un petit gringallet mais il n'y va pas de main morte, c'est tonique comme massage. Il appuie bien fort un peu partout, étire les membres de la personne la moins souple de sa carrière. Il fait craquer les doigts de la main et quand il le fait aux pieds par surprise c'est trop tard, le mal est fait. Mais le moment le plus bizarre c'est quand il s'est mis debout sur moi et m'a littéralement piétiné... Puis, on entend des petits bruits de bébé et là, la femme du masso s'approche avec leur petit bout de chou. Je suis assise pendant que le masso s'acharne sur mon dos et la femme me tend le bébé dans les bras. Il se met à m'escalader pour rejoindre son papa. On voit bien la lignée de masseurs de la famille.

Un moment zen et agréable... pas du tout... mais en sortant, on se sent léger et détendu. À tester!"

Comme on veut profiter du lac,on décide quand même de faire un autre tour en bateau pour voir le soleil se coucher : les lumières sont superbes. 

On revoit les célèbres "pêcheurs" qui sont autant pêcheurs que nous...voir moins. En fait, ils attendent les touristes et posent pour une photo moyennant un biffeton. On n'est pas naïfs mais on pensait qu'il y avait encore des pêcheurs à la nasse sur le lac...le mythe en a pris un coup dans l'aile, cela dit, c'est canon, et avec ledit biffeton, ils peuvent acheter du poisson aux vrais pêcheurs. Tout le monde est content.

Le soleil se couche derrière les montagnes et la plaine du lac est baignée d'une lumière rougeâtre/fraise tagada hallucinante. 

On en prend encoooore plein les yeux et la fraicheur nocturne s'installe doucement. Le temps de rentrer pour s'attabler devant un autre curry birman (plat traditionnel). La table est donc couverte de plats, mais le patron insiste "je vais aussi vous offrir ma soupe de nouilles et poulet pour les enfants". On n'est pas du genre à refuser de la bouffe et c'est délicieux (sauf les poissons en friture et la pâte de poisson saumurée qui nous file presque la gerbe. Le reste est succulent.) 

Les gars se font toujours offrir de la bouffe, ils pourraient presque survivre ici sans nous.

On a bien exploré le lac Inlé, et il est temps de bouger vers notre dernière étape birmane, mais non la moindre : le royaume de Bagan (pagan, c'est pareil) Départ à 8h30 pour une journée de bus. On traverse le pays vers l'ouest sur des routes, des pistes, et des lacets de montagne sans garde fou ni asphalte, ambiance route de la mort. 

On traverse des vallées vertes et des rizières asséchées, des vilages faits de bric et de broc et quelques villes. 

Après 8h à se faire secouer, on est pas fachés d'arriver, on a même les félicitations du jury pour le comportement des boys. La nuit tombe vite et on est arrivés trop tard pour se trouver un spot de coucher de soleil mais une petite exploration nocturne s'impose pour Antoine. 

Coup de bol, c'est la pleine lune, et l'ambiance est mystique : c'est calme, les formes des temples se dessinent aux détours des chemins de terre, on distingue des stupas, des temples de toutes formes, des gros, des petits, des arbres...

Ca donne envie de voir tout ça de jour. C'est calme, mystique, frais. On découvre un truc très cool : à Bagan, ils ne louent que des scooters électriques, donc, silencieux, ce qui change de toutes les villes d'Asie déjà visitées. Décrire Bagan, c'est pas simple, c'est une immense plaine de terre bordée par une rivière et parsemée d'arbres et d'environ 4000 temples (allez-y hein!)

Comme c'est très étendu, on a souvent l'impression d'être seuls. Les temples sont presque tous visitables si on prend le soin de se déchausser.

Il y a plein de styles et d'époques différentes, mais ils abritent tous au moins un Bouddha : grand, petit, couché, assis, debout, enceinte, déguisé en François Mitterrand,  etc.

Un vieillard nous indique un escalier derobé au coin d'un temple, qui permet de monter sur le toit et ainsi d'avoir une vue en hauteur sur les autres temples. On note l'adresse pour le lever du soleil. Ceux qui sont allés à Bagan avant nous nous avaient dit qu'on pouvait monter sur tous les temples pour avoir une belle vue...mais à force, ça abime un peu le matos (même si les gars essayent de réparer à leur manière : )

Alors c'est maintenant interdit et c'est tant mieux. Mais cela veut aussi dire que trouver un spot pour le lever ou le coucher du soleil s'apparente un peu à la recherche de la chouette d'or : on lit des blogs, on cherche sur des sites, on repère en journée, on demande aux autres (mais les gens révèlent pas leurs spots secrets si facilement), on recoupe les infos...et on se fait une petite carte avec les données à jour (car les temples avec un accès au toit sont de plus en plus limités). 

L'expérience est marrante, et on arrive quand même à trouver de beaux endroits. Notre premier coucher de soleil se fait en présence de troupeaux de chèvres et de vaches maigres dans une belle lumière tombante, on est sous le charme de Bagan.

Pour le second, on doit trouver un accès caché dans un coin sombre du temple, et on découvre un minuscule escalier éclairé par des bougies, c'est vraiment petit, Antoine passe à peine, mais on s'offrira encore un spectacle magique, tant au lever qu'au coucher du soleil.

Pour voir le soleil se lever, petit impératif : se réveiller tôt. On est sur le pont à 5h15, c'est plus difficile pour certains mais on le regrettera pas. On roule dans la nuit sous un beau ciel étoilé et on rejoint le temple indiqué la veille. On est seuls (au début, une dizaine à la fin), et il fait frais, les gars se recroquevillent contre nous en attendant que ça se lève. On commence à être rodés : on a notre thermos de thé et nos petites tasses. Patience. Tout doucement, le paysage s'illumine et nous dévoile la plaine de bagan : les formes des temples apparaissent dans la pénombre, entre les arbres et les chemins de terre, la brume au sol ajoute encore un côté mystique à ce spectacle.

On passe la journée à déambuler entre les temples, on roule sur des routes tantôt poussiéreuses, tantôt sabloneuses, avec une conduite souple et sportive, ambiance Stéphane Petterhansel (et Gretel) au Paris-Dakar 

On passe parfois à travers champs, les paysages sont à couper le souffle.

Les gars profitent aussi à leur manière et ne se plaignent jamais (on leur laisse le choix de se réveiller pour le lever du soleil ou non...ils ont choisi de venir, tant mieux, ça évite de les y forcer :-)

La chaleur se lève vite à Bagan, mais les birmans ont un petit système bien huilé pour rester hydratés : dans les rues des villes, il y a des cruches en terre cuite dans des petites niches en bois pour que ça soit à l'ombre, et un gobelet y est accroché avec une chaînette. Comme ça, tout le monde peut boire tout le temps, pas con! (On avait notre gourde, on était pas chauds chauds de boire dans le même verre que tout le monde)

Les journées Baganaises se ressemblent, mais la diversité des temples, leur beauté et l'étendue des lieux permet de découvrir de nouvelles choses tous les jours. 

Les levers de soleil offrent toujours des vues cannonissimes, les mongolfières passent presque au dessus de nos têtes et les couleurs sont dingues, on en prend encore une fois plein les mirettes.  

Même une fois la nuit tombée: sans pollution visuelle, le ciel est incroyable, les étoiles et les constellations sont visibles comme nulle part ailleurs.

Au bout de 4 jours (le pass pour accéder aux temples est valide pour 4 jours), on change de village (à 10 minutes de là) pour relaxer quelques jours. 

On attendait donc le bus local patiemment dans la poussière omniprésente de New Bagan, mais un moine en a décidé autrement. Il arrête un tuktuk pour nous et nous fout dedans...on ne va pas facher Buddha pour si peu. 

Notre nouvel hôtel est biiiiien relax chillax : superbe pistoche entourée d'arbres du voyageur et de frangipaniers en fleurs. Seul souci, on va partager un lit...à 4. Le voyage nous rapproche, au propre comme au sale, comme au figuré! 

On profite du temps libre pour se refaire une beauté 

On teste aussi le "tanaka", qui est une branche à frotter contre une pierre humide : ça donne une pâte brunâtre que les birmans se tartinent sur la face en guise de crème solaire, crème hydratante, rafraichissante et hyper stylée. 

On ne pouvait quitter Bagan sans faire une croisière au coucher du soleil sur l'Irrawadi. On dégotte un ptit raffiot qui propose le combo idéal : croisière et apéro, on dit banco! ("Je l'entends encore, banco").

Le cap'tain sait pas à qui il a affaire : les gars mangent environ 87% des petites galettes de patate tempura faites maison et vident la boutanche de coca, de vrais casseurs flotteurs.

Les paysages et les lumières sont différentes depuis le fleuve, ça conclut d'une belle manière notre étape à Bagan, mais c'est pas si simple de partir.  

On voulait aller à la gare de Bagan la veille du départ pour checker comment ca se passait, mais impossible pour nous, car la gare est en dehors de la zone de visite pour laquelle nos billets sont périmés (on n'aurait donc pas pu re-rentrer). Bref, on fait comme nous disent les locaux : allez à la gare et vous verrez bien, y aura pas de problème, personne réserve un billet de train ici. Fait rare, on trouve aucune info à ce sujet sur Internet...on verra.

On se pointe 3h avant l'arrivée supposée du train dans une belle gare totalement déserte avec des guichets vides où toutes les indications sont en birman...EASY.

On voit que quelques locaux arrivent, puis quelques européens, on est les premiers dans la fille (mais les gens derrière devaient se sentir les premiers aussi tellement ils se collaient, ambiance zouk endiablé) et tant mieux car il semble qu'il n'y ait pas beaucoup de places. 

À l'ouverture du guichet, ça se bouscule, les gens de derrière tendent des billets par dessus nos épaules et crient des trucs au guichetier qui prend bien son temps, sans stress. 

On a finalement nos billets en main et on souffle un peu en attendant le train pour un petit trajet champêtre qui doit durer 17h (ben oui, on traverse le pays) Dernière vidange...

Et le chef de gare nous installe dans un train datant d'environ 1958, micheline bleu blanc rouge, évidemment. 

On nous indique une cabine, qui est en fait un wagon entier juste pour nous. 

"Grande classe" : chiottes (un bol qui donne sur les tails) et 4 banquettes qui se transforment en lits doubles ainsi que 2 couchette en hauteur...on a de la place. 

On demarre doucement, et on s'aperçevra que cela sera notre vitesse de croisière. On traverse encore une fois des paysages superbes, des vallées plantées de cocotiers, des villages perdus au milieu de champs, des rizières des pagodes, etc. On croise aussi toute la faune locale aux passages à niveaux : veaux, vaches, cochons, poulets! 

Au passage du train, les enfants font coucou et courent après le train (on découvrira plus tard que les locaux leurs balancent des bombecs ou des ptits billets).

Les paysages défilent derrière les fenêtres grandes ouvertes pour profiter un max, ainsi que les portes, c'est notre wagon après tout. On a vraiment un sentiment de liberté, l'air est doux, les cheveux au vent (surtout Antoine) dans ces panoramas exceptionnels. Le coucher de soleil est encore une fois sublime!

Après un bon picnic sponsorisé par le marché de bagan, c'est l'heure de pioncer. 

Les mecs s'endorment en 17 secondes dans les couchettes du bas, bercés par le "tchou tchou. Haricot haricot tadac tadac tadac" incessant du train. En haut, c'est une autre paire de manche. On est en mode Space Montain (ou la Ronde, pour les Québecois) : ça secoue à donf, on est brinquebalés de babord à tribord comme des saucisses cocktails...mais on fini par s'endormir. Dire que c'était la meilleure nuit de sommeil du voyage serait un mensonge éhonté, mais quelle aventure (sans parler de la sensation de liberté de pisser par la porte d'un train en marche sous un ciel étoilé avec la lune pour seule lumière !).

La brioche du ptit dej est accompagnée d'un autre lever de soleil au-dessus des rizières, lancé à pleine balle sur les rails birmans. 

On ne s'en lassera jamais je pense.

On entre en gare de Yangon (5 minutes d'arrêt) 19 heures plus tard, frais et dispos après un trajet inoubliable.

On profite de l'ancienne capitale birmane quelques jours où, comme partout ailleurs au pays, après le boulot, les hommes se retrouvent pour jouer au chinlon ( ခြင်းလုံး ) : balle de rotin avec laquelle ils forment un cercle et se font des passes avec les pieds (genoux, cuisses). Impressionnant, et pas toujours facile avec un longy (la "jupe" traditionnelle des hommes birmans pour se couvrir les jambes) plié en mode slip de sumo. Ça plait aux gars, alors on se trouve une balle pour jouer partout en voyage.

Antoine se fait aussi un petit test de betel : une sorte de noix que les birmans mâchent à longueur de journée, emballée dans une feuille et assaisonée selon les goûts de chacun. Ça donne les chicots pourris et noirs, et ça fait cracher des molards verdâtres toutes les 3 minutes, ce qui explique les tâche partout sur les trottoirs et lieux extérieurs ici. 

Bilan : c'est absolument dégueulasse, mais faut essayer (et bouche anestésiée pendant 5 minutes).

On n'a pas beaucoup parlé de bouffe ce coup-ci mais on s'est bien régalés ici, notamment avec les salades de feuilles de thé succulentes, les nouilles shan déclinées à l'infini et les influences indiennes (on est collés au Bangladesh) se ressentent dans les byrianis et autres curry ! Un autre pays delicieux qui nous met en haleine pour la suite !

Pour conclure sur yangon, c'est une énorme ville mais les grands parcs en font surement un endroit agréable. On manque de temps pour explorer à fond et nos aventures se poursuivent ailleurs. Léon decide tout de même de dire adieu au Myanmar en dégueulant 17 litres de vomi sur la belle moquette de l'aeroport de yangoon (et sur sa maman), exactement 12 secondes avant de monter dans l'avion. On va traverser le golfe du bengale dans une belle odeur de vomi, direction le Sri Lanka! 

On change donc d'inspecteur : from Nestor Burma to colombo ;-)

"Au Sri Lankaaaaa"

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