Après avoir passé 6 mois en Asie du Sud-Est, traversé 7 pays plus ou moins rapidement, voilà ce qu'on pourrait appeler un petit bilan à mi-parcours.
** On a (pas) changé **
Physiquement déjà, certains ont poussé de quelques centimètres, l’un de nous a perdu 5 kg, tandis que l’autre en a pris presque autant.
Pour le reste, difficile de savoir si nous avons vraiment changé, évolué probablement, grandi surement, vieilli également.
On a surement aussi gagné en sagesse.
Il nous faudra des avis extérieurs et le retour à une vie "normale" pour évaluer le changement ("putain vous avez changéééé")
** La vie à 4 c'est le bonheur ** Alors qu'on n'avait jamais passé de vacances tous les 4, nous vivons ensemble 24 heures sur 24 depuis des mois! La "proximiscuité" est surtout tangible la nuit : on n'a pas toujours un lit par personne et on commence à se sentir de plus en plus à l'étroit (les gars poussent vite! )
Autres moments collé-serré: à 4 sur le scooter, ça carbure et on rigole bien.
** Être parent à plein temps c’est intense ** Soyons honnête, voyager avec ses enfants c’est s’oublier un peu, n’avoir que peu de temps pour soit ou pour le couple.
C’est surtout beaucoup leur parler, leur apprendre ce que l’on sait, apprendre avec eux ce que l'on ne sait pas, découvrir ensemble des cultures et lieux différents, admirer des merveilles grandioses ou des petites choses simples, passer des moments inoubliables en famille, rire souvent, s’énerver parfois...
Et toujours, toujours, toujours se parler (Les gars sont les plus nuls du monde au "roi du silence")
On se le disait déjà avant, mais c’est aussi vouer un respect éternel aux éducatrices de garderie et instit qui s'occupent de nos enfants tous les jours pendant des heures.
** On a une santé de fer ** Mis à part la malchance d’avoir attrapé la dengue en Thaïlande, une otite légère à Bali, quelques petits bobos aux genoux et une tourista passagère, nous sommes en meilleure forme qu’en temps normal !
Et le moral ? Un petit coup de mou à mi-parcours nous a permis de rebondir et de repartir de plus belle à fond dans l’aventure.
** On a relevé des défis ** Des défis physiques : Réussir à se lever en surf à Kuta, à Bali, marcher près de 20 kilomètres à Kyoto, au Japon, suivi notre premier cours de Taï Chi sur la Baie d’Halong, au Vietnam, ramer tout en tractant nos 2 poulets en kayak à Kampot, au Cambodge, se baigner dans la piscine la plus froide d’Asie à Chiang Mai, en Thaïlande, pédaler autour et sur le Lac Inle, en Birmanie, gravir Little’s Adam Peak à Ella, Sri Lanka.
Des progrès pour les garçons : Dire bonjour et merci au minimum dans la langue de chaque pays traversé, commencer à bien s’exprimer en Anglais, savoir demander l'addition et dire que c'est très bon. Lucien sait maintenant nager, il a la chance de pouvoir dire qu'il a appris à Bali! (grâce au chien qui a mangé ses brassards)
Il prend plaisir à faire des petits exercices et apprend quelques notions de calcul, même des divisions ! Il sait déjà écrire quelques mots et lire des phrases courtes.
Léon arrive presque à écrire son prénom (heureusement qu’il ne s'appelle pas Jean-Christophe!), il sait compter jusque quarante douze les doigts dans le nez et jusqu'à 13 en anglais (13, c'est bien "captine de boeuf?"). Il pose beaucoup de questions hilarantes et saugrenues mais qui sont perspicaces quand il explique son raisonnement.
** On gère les contacts avec les locaux avec tact *** Voyager avec deux blondinets aux yeux bleus attire inévitablement l’attention des locaux. On reçoit des sourires, beaucoup, toujours, les gars se font caresser les cheveux, pincer les joues, prendre en photo, parfois.
Depuis le début du voyage, on se fait demander 12 fois par jour (c’est à peine exagéré) s’ils sont jumeaux, et quelquefois si l’un d’eux est une fille (on ne dira pas lequel).
Les gars se font toujours offrir de la bouffe, des bananes, des bonbons, des samosas, etc.
Voyager, c’est négocier presque tout le temps, avec le sourire et humour (on néglige souvent le pouvoir de l'humour) sans jamais s'énerver.
C’est se demander pourquoi on nous propose sans cesse de nous transporter en taxi, scooter, tuk tuk alors qu'on est capable de marcher. Yes taxi ! C’est laisser les gars répondre "No, thank you!" ou "maybe tomorrow" aux sollicitations . On a vite constaté qu'en Asie, ça ne sert à rien de s'énerver ou hausser le ton, au contraire, et il y a toujours une solution à nos soucis; Toujours!
C'est aussi se rendre compte que les gens sont fondamentalement gentils.
** On se régale partout à petit budget ** Pas la peine de perdre du temps à lire la carte, on est maintenant capable de savoir en 10 secondes, sans même avoir lu le menu, si un resto nous plaira ou non (et on fréquente les restos parfois 3 fois par jour)
On a eu une consommation monstre des mets typiques et simples : Mie goreng, nasi champur, ramen, Okonomiyaki, sushis, nems, springs rolls, lok lak, sticky rice mango, pad thai, nouilles shan, salade de feuilles de thé, riz au légumes, kottu, roti, rice and carry, coconut roti, etc.
On a même cuisiné nous-mêmes des spécialités thaïe bien spicy.
On est rendus professionnels dans l’art de chiper le goûter au buffet du p'tit dej, voire une partie de notre lunch. On s’est régalé partout, mais on est content de passer aux spécialités moyen-orientales, et ça ne nous empêche pas de rêver d'un gros plateau de fromages.
** On voyage (de plus en plus) léger ** On se rend compte qu'on arrive très bien à vivre avec 2 T-shirts et 1 paire de godasses. Nos 2 sacs à dos nous suffisent largement.
Par contre s’apercevoir d’un trou dans une chaussette devient un déchirement (heureusement, on n'en met plus, on vit en tongs)
Objets perdus en 6 mois: 1 gourde, 1 petit sac, 1 porte monnaie vide, 1 short, 3 paires de lunettes, 1 steripen retrouvé et 1 bernard l'hermite abandonné (grosse déprime).
Penser à nos placards remplis qui nous attendent à Montréal nous effraie un peu.
Idem pour les enfants qui se servent à peine des quelques jouets contenus dans leur sac à dos:
Ils s'amusent avec 2 petites voitures, les cartes de visite des hôtels, prospectus touristiques, 1 ficelle, des cailloux et bâtons ramassés (et centaines de coquillages ) ...
La piscine dans les guesthouses n'est vraiment pas indispensable tant qu'il y a un petit espace pour construire leur maison ou hôtel avec garage. Ils ne parlent plus trop de leurs jouets qui les attendent à Montréal, ils sont heureux avec ce qu'ils ont.
Comme dirait l'autre :"les enfants n'ont pas besoin de jouets, ils ont besoin de jouer".
** On est toujours en mouvement ** On a déjà pris une quinzaine d’avions, des bus, le train, le bateau, des tuk-tuks…
On a conduit voitures, tuk tuk, scooters, scooter électrique, vélos et jet ski électriques de fête foraine pour les gars.
Tout cela dans une circulation parfois chaotique ou sur des pistes désertes. Tantôt avec le klaxon enfoncé ou dans le silence total. En ville, dans les bouchons ou au milieu de rizières, en montagne ou en bord de mer, chaque trajet offrait ses merveilles ou ses moments stressants. Sans jamais aucun accroc.
On essaie de limiter le nomadisme en restant au minimum 4 jours dans chaque endroit, voire se poser pour une semaine si on est bien, un rythme qui nous convient bien et permet de découvrir un peu les habitudes locales.
** On s’est frotté à la vie sauvage **
On a eu (un peu) peur des singes.
On a "snorklé" avec des poissons tropicaux et poissons clowns dans les coraux.
On a été surpris par un daim.
On a nourri des éléphants.
On a failli marcher sur un serpent.
On a pisté des éléphants, crocodiles, paons, varans, buffles en safari.
On a apprivoisé des bernard-l’ermite.
On a nagé et surfé avec des tortues.
On a navigué près des baleines.
** On a admiré des merveilles du monde: **
Le temple de Pura Besakih sur le Mont Agung à Bali, le mont sacré de Koyasan au Japon, la Baie de Halong au Vietnam, les temples d'Angkor au Cambodge, les temples de Bagan au Myanmar, les temples d’Anurhadapura au Sri Lanka. Et on doit être les seuls touristes du monde à être allés a Sukothai sans voir les temples (cloués au lit par la dengue)
Des boudhas par milliers sur des sites encore bien préservés et souvent peu fréquentés.
On a profité d’une nature luxuriante, de rizières verdoyantes, de plages paradisiaques, de lever et de coucher de soleil magnifiques.
** On a croisé du monde sur notre chemin **
Si nos familles et nos amis nous manquent beaucoup, nous avons eu la chance de retrouver des proches pendant le périple.
Avec, par ordre d'apparition: Fanny, Marine et Nico, Vivi, Quentin et Arthur, Papie et Mamie, Jean-loup, Serena et Alera, tata Laure, tonton Seb, Elsa et Sacha, Clémence, Romane, Nico et Marie, grand-père et grand-mère, Lolo, Nathou et Marie.
Rencontrer de sympathiques famille en voyage et recevoir l'aide de l'une d'elle dans un moment difficile. Sympathiser avec des locaux cherchant à nous faire découvrir leur culture et nous offrant leur assistance en cas de pépin (et quelques bananes)
** On a eu chaud **
Les températures élevées accompagnées d'un degré d'humidité carabiné nous ont donné des sueurs chaudes régulièrement.
Mais on n'est pas mécontent de rater un hiver québécois qui semble ben beeeeeen rude, courage les compatriotes!
Cela dit, on sera ravis de retrouver nos 4 saisons à Montréal!
** On ne manque de rien **
On a beau être loin de la maison, on n'est pas trop en manque de petits plaisirs de chez nous.
En y réfléchissant bien, chacun de nous a ses petits manques, mais rien de critique
Antoine a la moutarde qui peut lui monter au nez en imaginant un pot de Maille.
Elo a parfois le regard laiteux en pensant à un bon petit latté dans un café indépendant du Plateau.
Léon, lui, rêve en couleur en évoquant son lit à lui tout seul.
Lucien garde la tête dans l'guidon en songeant à son vélo qui l'attend.
** On est impatient de retrouver ... le compost ** Ça nous fait mal au cœur de faire autant de déchets (le voyage c'est vraiment pas écolo) et de voir la gestion désastreuse dans certains pays, mais on a été agréablement surpris par certaines initiatives (tri au Sri Lanka, Beach cleaning a Bali, etc.)
** On hallucine comme le temps passe vite **
On n’a pas vu passer ces 6 mois en vadrouille et on commence déjà à oublier certains moments.
On parle de ce qu’on voudra faire de retour à Montréal, comme recettes, idées déco, projets perso ou pro.
On évoque le retour doucement, sans trop y penser car on se rend compte tous les jours de la chance qu'on a.
Et on pense déjà aux prochains voyages...