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N'Oman's land : les 10 et 1 nuits sous la tente

On atterit à Oman dans un aéroport flambant neuf et flambant vide, première surprise de ce pays qui va nous surprendre de bout en boutre.

Passées les formalités administratives (visa, carte sim, location de char, achat de merguez), on passe aux formalités campingestes.

On arrive ici la bouche en fleur de lotus, sans avoir rien booké, ayant en tête de camper librement, mais sans aucun matos de camping, ambiance Ligue Nationale d'Improvisation. Direction le Carrefour (oui le français Carrouf) qui regorge de produits qu'on n'a pas vu depuis longtemps. 

On se fait violence pour pas dévaliser le rayon fromton ou acheter des seaux de mayo et on se concentre sur le matos de camping. 

Liste minimaliste : tente, matelas et quelques ustensils de barbecue. Sur le papier, on est prêts...

Itinéraire :

Mais on est à Mascate, la capitale, et le camping sauvage au milieu des échangeurs d'autoroute nous chauffe moyennement, mais le soleil semble s'en foutre et continue de baisser dans le ciel bleu pistache (daltonien).

On longe donc la côte en quête d'un spot sympa en bord de mer, mais pour le coup, on se dit qu'un chouillat de préparation n'aurait pas été superflu. On opte pour un parc verdoyant, entre la mer et une rivière bordée de mosquées superbes, certaines semblant êtres sculptées en sable tant les détails sont fins dans la pierre beige. On s'improvise un barbecue-merguez-brochettes rapidoss pour se coucher tôt.

Spot #1: 

Frais et dispos au réveil, et heureux!

Première surprise de notre première nuit en tente (première à vie pour les gars) : il fait bien frais !!! On se gèle le cul. Seconde surprise, à 5h15 du mat, c'est la première prière : c'est fascinant. Dans notre tente, on entend les appels à la prière venant des dizaines de minarets environants, c'est presque transcendant, ambiance mille et une nuits, pour les novices du Moyen Orient que nous sommes. Enfin seul Antoine est en transe audio, tandis que les autres ronflent.

La route nous attend ensuite, ambiance road trip vers le Sud Ouest. La circulation nous change un peu de l'Asie du sud Est : belles routes avec peu de circulation, 0 klaxon et 2 motos en 200 km. 

Comme on ne sait toujours pas où dormir, et que les spots de camping sauvage ne sont pas repertoriés sur booking.com, c'est un peu comme les spots à coucher de soleil de Bagan, un mix entre maps.me et notre flair. 

On arrive au bout d'un village perdu entre les collines et on débouche sur une impasse (enfin une ruelle où notre grooooos char passe pas en tout cas. ). Meeerde. On décide quand même d'aller voir car on distingue des cimes de palmiers datiers (ohhh les dates...) plus loin. On contourne une mosquée, c'est un petit lotissement, ambiance corons oriental, avec maisons en terre et briques rouges. On débouche sur un trou de verdure où coule une rivière (amis poètes), ou plutôt un petit ruisseau. Il y fait bon et il y a de l'ombre. 

On demande quand même à 2 gars qu'on croise si c'est OK de planter la tente (dans notre arabe limité) : après une chaude poignée de main, on nous dit qu'il y a pas de souci (mais pas de feu, tant pis pour le bbq).

Spot #2 : 

On visite rapidoss Nizwa, son fort et son souk.

Le temps semble s'être arrêté. 

La ville nous fait penser à Aladin.

L'arroseur arrosé

Superbe nuit sous un ciel hallucinant. Les étoiles tapissent la couverture bleu marine entre les palmiers et les gars ronflent vite. On se dirige ensuite vers le desert des sharqiya sands (comme la chanteuse colombienne). 

Pas facile et de trouver un spot de camping. Dans les palmeraies, on nous dit que c'est truffé de scorpions et serpents (on comprend le mot "cobras" mais on n'est pas certains). 

Un mec du coin nous dit qu'on peut pas camper là...mais nous invite à boire un café chez lui. 

On nous avait parlé de l'hospitalité arabe, on est servis.  

Le Kahwa est parfumé à la cardamome et accompagné de succulentes dates (ils nous laissent le choix). Les gars auraient bien déglingué tout le bol mais on s'arrête avant la fin, par politesse. On ne se comprend pas trop, mais les gens sont adorables... 

Cependant, on n a toujours pas de spot où dormir. On suit une piste au bout d'une route et on longe d'immenses dunes jaunes. 

C'est comme ça qu'on imaginait le desert : des camps de bédoins éparpillés, des dunes et des arbres épineux clairsemés dans des plaines rocailleuses.

C'est superbe, et, évidemment désert. On spotte un arbre un peu plus grand que les autres au bord d'une dune...on décide de s'installer après avoir dégagé quelques cadavres de chèvre, signe que c'est un bon spot car des bédoins y ont séjourné. La déco a un côté blair witch project minimaliste.

Les gogues : 

Spot #3 :

On est québécois, on sait camper ! 

Ptit feu (Antoine a des mains de collectionneur de pin's car les seuls arbres environnant sont des aubépines). 

Poélée de légumes et couscous, qu'on mangera dans la bagnole...car dès que le soleil s'est couché le vent s'est levé, fort, de plus en plus fort! Ambiance tempête du desert. On a l'impression que la tente va s'envoler. Antoine en perd sa casquette (Hergé, quel visionnaire).

Le sable fin comme du poivre moulu se glisse absolument partout. On leste bien la tente de nos corps repus (et de bidons d'eau). Ça souffle une bonne partie de la nuit. On se croirait dans un bateau en pleine tempête, la toile claquant comme un foc mal tendu. Ça finira par se calmer, les gars, eux, ont pioncé comme des souches, ils aiment dormir sous la tente. L'avantage d'avoir une caisse, c'est qu'on peut sortir des sentiers battus : direction un "desert camp", accessible seulement en 4x4.

Après les formalités de base : un gros couscous au milieu des chèvres là où la route s'arrête, et une diminution de la pression des pneus, on s'engage, pas spécialement rassurés, car il n'y a effectivement pas de route! On emprunte une piste tantôt ensablée, tantôt rocailleuse, tantôt cabossée. Antoine appréhendait un peu, mais le côté Harry Vatanen prend le dessus.

C'est un peu comme conduire sur la neige finalement : ça glisse, on ne controle pas vraiment l'accélération, ça patine, on ne voit pas trop les reliefs. 

Ça devient même marrant...jusqu'à une bifurcation qui semble monter en haut d'une dune. 

Là, on se marre moins : c'est un peu comme conduire en haut de la dune du pilat : 100% sable mou, bosses et creux, virages serrés qui font qu'on voit pas à 30 mètres. 

Cramponné au volant, bien avancé sur le devant du siège, on veut surtout pas s'ensabler (on est à 30km du début de la piste), donc pas trop ralentir, mais on veut pas non plus planter le beau Toyota dans un chateau de sable géant. 

Bref, 3 km un peu stressant mais avec du recul, bien fun.

On traverse des zones désertiques, des dunes immenses peuplées de dromadaires sauvages, des camps de bédoins, encore une route extraordinaire. Le "camp" est doté d'une piscine ambiance Oasis c'est bon c'est bon, et, gros luxe, de douches (les gars se sont pas lavés depuis le Sri Lanka)

On a une belle "tente arabe" avec 3 lits. On se croit dans les 1001 nuits. Le camp s'appelle d'ailleurs Thousand nights...

Spot #4 : 

On grimpe la dune à pieds pour le coucher du soleil, et, surprise, le vent souffle encore fort. On en prend encore plein la gueule, on en mange...et on en retrouvera encore dans nos oreilles 3 jours après. On se bricole un chèche de fortune et on observe le soleil descendre vers l'horizon ensablé à perte de vue. 

Quelques dromadaires sauvage passent à proche de nous dans ce paysage enchanté, encore une expérience fascinante.

On profite bieeeeeeeen des buffets du camp pour apprivoiser la bouffe locale, on mange bien, on mange trop, c'est délicieux. On quitte le desert...avec encore quelques sensations fortes dans les dunes! On se retrouve tout en haut d'une dune, pour regagner la piste, 50m plus bas. On juge les alentours, mais y a pas d'autre chemin étant donné qu'on est déjà engagés dans la descente alors GO, on se laisse glisser en gérant l'accelération/freinage et on atterit en douceur. En bas, on constate que ce n'est pas le cas de tout le monde vu  les débris de pare chocs qui jonchent l'arrivée.

On est contents d'avoir le gros char, encore. Direction le Wadi Bani Kalid. 

Route montagneuse avec des montées dignes du mont ventoux. On cherche un spot de camping qui n'existe pas, une fois n'est pas coutume. On atterit dans un ptit hameau de montagne et des gars nous disent de les suivre. Ils nous amènent au wadi (sorte d'oasis où coule généralement une rivière) en nous disant qu'on peut y dormir, manger, faire un bbq, bref, faire ce qu'on veut. 

On découvre donc une petite rivière émeraude encaissée entre 2 montagnes rocailleuses, bordée de palmiers. 

C'est un peu le cliché de l'Oasis qu'on voit dans les films. L'eau est cristalline, chaude et poissonneuse (poissons qui font marrer Léon en mangeant ses peaux mortes, et plaisent moins à Lucien).

On plante la tente avant le coucher du soleil, on est encore une fois seuls au monde.  

Spot #5 (le meilleur!) :  

La nuit nous offre encore un ciel incroyable où les constellations éclairent le canyon comme en plein jour. 

Bercés au son des crapauds, on se réveillera au petit jour, juste à temps pour voir un troupeau de chèvres froler la tente à vive allure.

Un vendredi au Wadi :

le vendredi, c'est le jour de repos et de prière. Les locaux arrivent chargés de bouffe. Beaucoup. Des brouettes entières transportent les glacières et matos de barbecue. 

On assiste aussi à l'égorgement d'un agneau à midi, un groupe l'ayant amené vivant pour en faire son repas... 

On nous propose des brochettes de dromadaire succulentes, on nous invite a partager le repas et le café sur un tapis au bord de l eau : on a l'impression d'attirer la curiosoté, mais surtout la sympathie.

Avant de quitter ce lieu enchanteresque, petite rando dans le canyon. Les eaux sont encore plus bleues qu'en aval et la marche nous force à traverser la rivière, presque ramper dans des grottes et on débouche sur une cascade jaillissant sous un arbre vert tombant dans des bassins profonds aux eaux claires (bien sur, on n'avait pas l'appareil). 

Antoine rentre à la nage et on plie les gaules pour rejoindre la côte. 

On spotte un petit village et on tente notre chance, coup de bol, la grève immense est parsemée tous les 200 mètres d'abris de stuc blanc aux facades sculptées : c'est même joli. 

Spot #6 : 

On "plante" donc la tente sous les arches, ambiance Calogéro : face à la mer, encore seuls au monde.

Les lumières des lampadaires dessinent des arabesques sur notre toile de tente. Et encore une nuit sous les bourrasques, maritimes cette fois, et sans sable, seul avantage de la plage de galets.

Le lever de soleil depuis la tente sur la mer d'Oman nous permet d'entrevoir des têtes de tortues marines. Un âne nous rend visite pour nous chourrer nos tartines...puis des chèvres, encore!

La route nous mène ensuite vers Sour, où on se tape la cloche sévèrement : vrai repas local avec shawarma, agneau grillé, sharook, hummus, pitas et autres gateries succulentes.

Sour est une jolie ville avec ses chantiers navals ancestraux où ils construisent encore des boutres et vivent au rythme des bateaux de pêcheurs...comme au Conquet.

On reprend la route vers le wadi Tiwi, bien vendu par le Lonely Planet (en en revient) ...mais la route pour y accéder est délicate : virages serrés, montées hyper abruptes, même avec notre véhicule bien monté en chevaux, on a failli ne pas s'y rendre...sueurs en montée, et bien debout sur les freins en descente, c'est un peu tendu. On n'est plus habitués aux fiat 500 qu'aux Toyotas Fortuner, alors ne pas voir son capot en haut d'une montée étroite comme un slip représente un sacré défi. En termes de "sortie de zone de confort", terme bien à la mode, Oman nous en met une belle couche, mais on en sort grandis!

On arrive donc non sans mal dans une vallée encaissée entre des promontoirs rocailleux déserts. Un mec nous demande de le prendre dans la caisse, on ne comprend rien à ce qu'il dit, il semble pas non plus nous comprendre, et Wadi semble être son mot préféré. On le dépose en bat d'une pente et on se rend compte qu'il veut nous montrer un spot de camping. Élo le suit, mais on flaire un peu l'embrouille. C'est escarpé, alors il l'aide avec beaucoup (BEAUCOUP) d'insistance à descendre...et nous demande de payer son spot. On n'est pas hyper chauds, étant donné qu'il y en a à tous les coins de cailloux, et qu'ils sont tous gratos. Le mec fait son ptit biz, fair enough. On trouvera un autre spot bien joli pour la nuit, encore une fois entre eau claire et montagnes caillouteuses.

Spot #7: 

À chaque jour son wadi : Wadi shab est accessible après un tout petit tour de bateau. Une rando de 45 min nous mêne encore le long de parois rocheuses dans des canyons verdoyants.

On déboule finalement dans des bassins aux eaux ultra claires qui s'étendent le long des parois...et s'enfoncent en profondeur vers une grotte au loin. 

Un beau spot de baignade mais impossible d'y trimballer le matos de camping. 

On longe donc la mer vers Yiti Beach, avec un stop "cours de géologie" : le Bimah sinkhole. Sorte de cratère de 20m de profondeur aux eaux saumatres turquoises comme dans un gros trou de gruyère. 

Plantage de tente parmi les ânes sur Yiti beach où la nuit fut ponctuée du cauchemard commun entre cyclistes du Tour et campeurs : la crevaison. 

1h30 a.m pshhhhhhhh notre matelas se dégonfle, crevé ... La tente, qui montre quelques signes de faiblesse a été montée sous un arbre à épine. 

Élo est quand même contente, parce que ça veut dire que c'est la dernière nuit en tente.

Spot #8 : 

On donne donc notre matos au mec qui nettoie la plage au petit matin, il est heureux, nous aussi, le soleil se lève sur l'océan. Les nuages barbapaesques se décrochent des sommets derrière nous. 

Il nous reste un jour pour découvrir Mascate. On décide de remonter le long de la côte et de visiter Mutrah et son souk, en s'empiffrant de shawarmas et de milkshakes aux dates (Élo achètera quand même un pachmina pour remplacer le sien qui ressemple a une serpillère) 

On se fait un dernier barbecue sur la plage de Al seeb, où on a reservé un hôtel suite à un vote démocratique : 3 contre un pour l'hotel vs dormir sur la plage (il nous reste nos couvertures ;-).

Après 10 jours sans électricité et donc sans Internet ni chargeur, on est crados, on pue, mais heureux de cette aventure encore différente du reste. On est vraiment enchantés par Oman, ses paysages splendides et ses habitants adorables.  Un gros coup de coeur!

Direction Dubai pour retrouver Kentin, Vivi et Arthur (&...?) et un peu de confort.

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